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Le 2 février lors de notre séminaire Champ lacanien, nous allons discuter, pas sans la psychanalyse, autour du livre Le Grand Récit, introduction à l’histoire de notre temps.

L’auteur de cet ouvrage, Johann Chapoutot, est un historien contemporain reconnu comme éminent spécialiste de l’idéologie nazie et de ses influences culturelles.

Il a été distingué par de nombreux prix français et internationaux, dont, aux Presses Universitaires de France, Le nazisme et l’Antiquité (2008), Le meurtre de Weimar (2010) et, chez Gallimard, La loi du sang (2014), La révolution culturelle nazie (2017) et Libres d’obéir (2020). Il est également l’auteur de deux « Que sais-je ? » : Histoire de l’Allemagne (2014), et Les 100 mots de l’Histoire (2021).

Ce qu’on sait peut-être moins, c’est que Chapoutot est un grand amateur de littérature, et il le prouve dans Le Grand Récit.

Première surprise : le livre est étonnamment facile à lire. Les chapitres sont équilibrés, d’une trentaine de pages chacun, et presque autonomes, dans le sens où ils sont clos sur une période et/ou sur un concept. Le style est fluide, sans obstacle, avec juste ce qu’il faut de répétition pour appuyer l’idée principale. Et pourtant Johann Chapoutot convoque les apports parfois complexes de toute une pléiade de grands penseurs, dont Max Weber, Raymond Aron, Jean-François Lyotard et François Hartog, mais aussi Bayard, Ricœur, Wismann, Marx et Freud. C’est là résolument une œuvre didactique.

Deuxième surprise : Chapoutot y développe et soutient une thèse non directement historienne. Je résumerais cette thèse de la façon suivante : les récits historiques, dans leurs différentes formes, participent d’une tentative de réponse aux crises du sens, en se proposant comme opérateurs d’intelligibilité. Cette thèse se retrouve dans différents chapitres, avec des éclairages différents, du nazisme au complotisme. On constate aussi avec ces développements que l’auteur est sensible à une certaine dimension psychique.

Troisième surprise : l’importance de la littérature. L’auteur, qui confie son goût de toujours pour les lettres, choisit d’intituler sa conclusion « Les lettres, ou l’échappée belle », et ce n’est pas un hasard. La place que Chapoutot accorde aux lettres fait comme un contrepoint salutaire à la question des crises du sens. Cette thèse secondaire est défendue peu à peu, émaillant discrètement l’ensemble du livre pour révéler son importance progressivement.

En réalité, pour des psychanalystes, cet ouvrage véhicule un certain nombre d’idées épistémiques, pour lesquelles la différence entre l’histoire et la psychanalyse reste à interroger. Citons pour l’instant pêle-mêle : l’interprétation, le récit, l’oubli, l’enquête, la désaliénation, la vérité, l’écriture, et le lecteur en tant que tel.

Au plaisir de vous retrouver le 2 février, avec notre collègue David Bernard et moi-même, pour vous présenter cet ouvrage et certaines des conséquences qu’on peut en extraire pour la psychanalyse concernant les récits, l’histoire et la narratologie, entre vérité, historisation et écriture.